La perception sensorielle est créée par une excitation ou une stimulation
qui elle-même produit une réaction.
Nous avons la faculté de voir l’objet seulement si l’information passe par le cortex.
Cela explique que notre vision n’est pas un phénomène simplement mécanique
mais qu’elle est liée à une élaboration mentale.
La perception d’une forme induit la perception d’une signification
(processus symbolique) ;
dans une image abstraite, selon les théories de la Gestalt l’ensemble de
la structure perceptive prime sur la partie.
Extrait tiré de l’ouvrage « Abrege de psychologie »,
de J. Delay et P. Pichot, 4e édition, aux éditions MASSON – Chapitre IV / La perception.
Aspects psychologiques et psychopathologiques / pages 55.
c) L’effet Tau de gelb. – Il combine les deux séries précédentes.
Lorsque trois points lumineux A, B et C, également espacés, sont présentés successivement,
l’intervalle temporel séparant A et B étant inférieur à celui qui sépare B de C,
les points A et B sont vus plus rapprochés dans l’espace que B et C.
Quelques illusions optico-géométriques. En haut à gauche, l’illusion de Müller Lyer.
Le point divise la hampe de la flèche en deux moitiés égales.
La moitié de droite paraît plus longue que celle de gauche. En haut à droite,
la ligne oblique est faite de deux segments qui sont dans le prolongement l’un de l’autre.
Le segment supérieur paraît décalé vers la droite. En bas à gauche, les bases inférieures
des trois trapèzes sont égales. En bas à droite, les six lignes sont parallèles.
Cf: schémas en bas de l'article
Les schémas ci-dessous illustrent que l’on ne voit pas les parties mais un tout,
notre vue d’ensemble crée l’illusion d’optique, nos perceptions peuvent être
faussées mais surtout notre perception réinvente le monde.
La perception n’est pas reproduction objective du monde
- Si un tableau représente une pomme (nous pouvons la définir ronde,
rouge, appréhender sa taille...), il y a un processus cognitif qui s’établit,
le sujet est identifié. La pomme renvoie à un concept de la pomme
existant chez l’observateur. Elle peut être liée à un processus affectif,
par exemple en rappelant à l’observateur un souvenir comme l’odeur
des tartes que sa grand-mère cuisinait. L’observateur est actif devant l’image.
La constance des couleurs:
Si l'on demande à un observateur de quelle couleur est le charbon en
plein soleil l'observateur la verra noire. De la même manière un tas de neige
au crépuscule apparaitra comme blanc. Mais une cellule photo électrique
montre que le charbon au soleil est plus clair que la neige au crépuscule.
Il y a une constance des couleurs dans notre cerveau et la signification
appartient à celui qui la regarde : la neige est perçue comme blanche,
invariablement.
L’image abstraite nous construit
Devant une image abstraite le processus symbolique de l’observateur
doit construire autrement l’image. En effet il ne peut dans ce cas utiliser son
expérience. L’œuvre abstraite impose un travail d’élaboration mentale, cette activité
cérébrale participe à notre développement. La lecture devient déroutante parce qu’il
n’y a pas de références, elle nous impose un travail d’élaboration en plus.
L’observateur a donc un effort à faire pour identifier l’image, la comprendre.
De plus nous voyons ce que nous avons envie ou besoin de voir.
Notre motivation détermine le champ de l’hypothèse et
donc modifie le champ de notre perception. La perception est action,
acte perceptif avec lequel nous structurons le monde. Elle est liée à l’acquis,
cela implique qu’elle évolue, il n’y a pas de caractère absolu.
cf : Les théories empiristes - Piaget/stade de l’enfant - la perception s’apprend.
Expériences Kilpatrick :
- Une chambre est tordue, les murs ne sont pas droits.
A l’intérieur un homme touche l’espace, c’est un transfert d’apprentissage,
il comprend l’espace avec ses mains et donc retrouve ses repères;
ce qui implique que la perception évolue.
- Nous mettons des lunettes inversant la gauche et la droite sur un individu.
Le cerveau réinvente alors le bon sens. La perception innée,
acquise, pulsionnelle, affective est modifiable par l’expérience.
L’art doit être porté à tous
On distingue l’acquis et l’inné dans la perception.
Une œuvre abstraite n’impose pas de sujet, elle nous délie de nos références.
Notre acquis devient déterminant, autrement dit regarder des œuvres
facilitera à créer l’élaboration mentale. D’où la nécessité de donner accès à l’art à
un large public, la présence d’œuvres participe à nos connaissances et au
développement de nos capacités. Plus on voit des œuvres d’art plus on est prêt à
les recevoir et à accepter qu'il n'y a pas une seule et unique vision du monde.
Guillaume Bottazzi